2003 - Philippe : les States, un bilan.
En novembre 2003, Philippe répond aux questions posée par le site EuropUsa.com
sur son expérience aux USA.
Pourquoi avez-vous souhaité vivre aux États-Unis ?
J’ai fait des études de géographie à La Sorbonne et à l’école d’architecture de
paysage pendant 4 ans à Versailles. J’ai fait un stage au Canada et j’ai été
invité par l’université de Pennsylvanie à Philadelphie qui m’a offert une
bourse de 40.000$ par an pendant 2 ans !
J’avais reçu une proposition de l’Université du Québec à Montréal mais les
Etats-Unis m’attiraient plus. Je pensais au départ ne rester que le temps du
programme de Masters mais cela fait plus de cinq ans et demi que j’y suis
aujourd’hui.
Que pouvez-vous nous dire sur votre passage à l’université américaine de
Pennsylvanie ?
C’est une expérience qui m’a beaucoup aidé.
J’avais un rythme de travail de 7 jours sur 7 et
17heures par jour, ce qui m’a permis de
m’adapter au rythme de la vie professionnelle ici… Les professeurs viennent du
monde entier ou la relation avec les étudiants est plus chaleureuse. L’outil
informatique est aussi utilisé constamment, ce qui prépare plus au monde du
travail. Enfin, on sent une compétition saine entre étudiants, ce qui n’est pas
le cas des universités françaises….
J’y ai obtenu un « Master of Landscape Architecture ».
Votre diplôme en poche, qu’avez-vous fait ?
Je ne voulais pas rentrer en France immédiatement. J’ai commencé dans une
première agence d’architecture californienne où je suis resté 1,5 an. J’avais effectué
un stage de 3 mois pendant ma première et deuxième année de Masters. Ils m’ont
offert une place à la fin de mes études. J’ai travaillé sur la construction
d’espaces publics ce qui est la spécialité des architectes paysagistes. Mes
projets se trouvaient en Chine, Nouvelle Zélande et Californie.
Vous avez ensuite changé d’agence ?
Un des partners de l’agence a fondé sa propre agence. Je suis parti avec lui et
j’y travaille depuis 2,5 ans. Nous avons eu la chance de faire parti d’une des
équipes finalistes sur le concours du World Trade Center.
Souhaitez-vous rentrer en France ?
J’aimerais monter une agence en France d’ici deux à trois ans. A un moment
donné, si on veut pratiquer son métier dans son pays, il existe des lois, des
règlements, des codes et il faut les connaître pour avancer.
Ne pensez-vous pas que cela soit plus compliqué de créer son agence en
France plutôt qu’aux États-Unis ?
La notion d’espace public est plus recherchée en Europe. Les projets aux US
passent par des architectes, des clients ou promoteurs privés mais il n’y a pas
d’appel d’offres public. En France, au-delà de 60.000 euros dépensés dans un
espace public, le règlement d’appel aux offres publiques s’applique avec un
concours.
Aux États-Unis, il faut avoir beaucoup de connexions pour démarrer. En France,
c’est une chose commune de voir des jeunes agences. Ici, c’est très rare.
Qu’est-ce qui vous a plu aux États-Unis?
L’efficacité avec laquelle on travaille. Les objectifs sont plus définis ; il y
a moins de personnes qui prennent des décisions, donc c’est plus précis. En
France, c’est peut-être plus démocratique, plus libre mais on prend plus de
temps et c’est moins efficace. La confiance est plus établie entre les
individus. La notion de travail est plus valorisée aux États-Unis. On a plus de
chances de s’en sortir si on travaille.
Qu’est-ce que vous aimez moins ?
La notion de temps libre est ici très peu cotée. On n’a guère que le week-end
de Thanksgiving, le 4 juillet et 10 jours de vacances. En France, même si on a
moins d’argent, la richesse c’est le temps.
Qu’est-ce qui vous a surpris dans ce pays ?
On a l’impression que les États-Unis sont un pays facile sans contraintes.
C’est faux. Il existe beaucoup de règles. Un dealer de drogue peut passer moins
de jours en prison qu’un voleur. Il y a un dicton américain qui dit : « Il est
plus facile d’acheter une arme que d’acheter une bière ».